L'Aguyane
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L'AGUYANE

L'aguyane est appelée aussi aiguillonne ou guyane, ou encore guyonne alors que les producteurs dénommaient leurs arbres aguyots ou guyots.

De bonne qualité, productive, c'est la variété dominante des cantons de Joyeuse, Largentière, Les Vans, soit la partie la plus méridionale de la châtaigneraie ardéchoise. Sa tranche d'altitude préférée va de 200 a 400 mètres; elle partage celle-ci avec les variétés dites précoces. En fait, on la trouve sur un arc de cercle qui va de Sainte-Marguerite-Lafigere jusqu'a Aubenas, plus au nord seulement quelques arbres isoles sur Pont-de-Labeaume, Fabras, Meyras, Jaujac, Prades, Vals-les-Bains. Les communes avec les plus fortes potentialités en aguyane sont Sanilhac, Gravieres. C' est une variété qui a beaucoup cédé du terrain au cours de ce siècle dernier. Le pin maritime a remplace le châtaignier sur toute la bande de grès triasiques qui vont des Assions a Ucel compris, victimes de la maladie de l'Encre, fléau apparu dans les environs d'Aubenas voila une centaine d'années. Bien des chercheurs se sont penches sur celle-ci y compris Georges COUDERC et ce pendant de longues années mais sans résultats probants, a cause de la complexité du phénomène.

En fin de première semaine d'octobre, demi-précoce, aguyane ne manque jamais son rendez-vous. Avec toujours ses trois fruits par bogue, bogues aux longs piquants mais s' ouvrant généreusement a maturité, sa régularité de production n'illustre en fait rien d'autre que la fidélité même. Mieux elle sait lutter de façon remarquable contre la sécheresse, elle sait attendre, et surtout restituer l'eau du ciel dans sa production même a quelques jours seulement de la maturité : elle «revient» bien disent les producteurs, elle «revient»... souvent de loin il faut le reconnaître. Son potentiel de production au cours de la décennie 70 n'était pas éloigne d'un millier de tonnes pour dire son impact économique particulièrement important. Le négoce et surtout la coopérative du Bas-Vivarais ont largement contribue a sa promotion sur le marché dit de frais celui de la rôtisserie. Elle jouit depuis longtemps d'une excellente réputation, et, fait a souligner plutôt dans le Midi de la France, basse vallée du Rhône, région de Montpellier. Elle reste de la part des connaisseurs une variété fort appréciée.

Du fait de sa productivité exceptionnelle, le fruit ne présente qu'un calibre moyen, soit généralement de 85 a 95 fruits au kilogramme. Un arbre récemment surgreffé ou sévèrement taillé peut offrir des fruits de fort beau calibre, de 65 a 70 au kilogramme, mais aussi sur un arbre en mauvais état, affaibli par l'endothia ou l'absence de taille, le calibre peut descendre jusqu'a 115, voire 125 fruits au, kilogramme. Sa couleur est marron sombre, ses cotes ou stries sont: absentes ou peu prononcées, le hile petit avec une forme plutôt rectangulaire. La première peau a une épaisseur plus que moyenne, assez épaisse donc et un peu soyeuse vers la pointe. L' amande est le plus souvent entière, pas ou très peu cloisonnée, d'une teinte assez particulière virant au jaune, un peu dore lorsque le fruit commence a se déshydrater. Sa conservation quant a elle se situe dans une bonne moyenne mais exige des soins, récolte rapide a laquelle doivent s'ajouter l'ombre et le froid. Laissée a elle-même la belle présentation naturelle des fruits n'excéderait pas dans ce cas une période de plus d'une vingtaine de jours.

Peu utilisée pour la châtaigne sèche seulement a défaut car de décorticage difficile parfois, les producteurs préférèrent pour cet usage si largement répandu autrefois d'autres variétés a deuxième peau beaucoup moins pénétrante et a amande plus blanche. Avec sa forme très particulière pointue d'ou son nom: aguyane même le non initie la reconnaîtra facilement entre toutes.

L 'arbre mis a part quelques exceptions, moyennement vigoureux, ne connaît pas un développement imposant, vraisemblablement aussi a cause des terrains qui lui sont réserves : souvent parmi les plus secs. Mais il supporte bien les expositions ensoleillées et de basse altitude. La présence de cette variété a joue un rôle indéniable dans le développement de la culture du châtaignier, au pied même des Cévennes.

Depuis de longues années l'aguyane connaît des moments difficiles: la maladie de l'encre -le chancre de l'écorce également la frappe durement. Tout a des limites, sa résistance a la sécheresse aussi et l'arrière-saison 1978 sans une goutte d'eau jusqu'au 7 décembre restera dans les annales climatologiques et l'aura cruellement éprouvée.

Pour cet ensemble de raisons sans parler de celles plus directe- ment humaines : soins défectueux, absence de toute taille souvent ; aguyane recule dangereusement et avec elle le châtaignier dans les parties les plus basses de la châtaigneraie ardéchoise.

Certains caractères extérieurs font d'elle une variété un peu curieuse par exemple pas la moindre étamine au moment de sa floraison, une semaine après celle des types précoces. Même chose a l'intérieur, l'un des plus mauvais bois qui soit, toujours altéré parfois rougeâtre, presque pourri a partir de tous petits diamètres 15 a 20 centimètres parfois moins. En bonne mère ne privilégie-t-elle pas trop sa progéniture aux dépens d'elle-même au point de s'y sacrifier tout entière ?

Mieux encore, de par son fruit allonge dans le sens de la hauteur , au point d'en être vraiment pointu, de par ses feuilles longues et d'un vert des plus tendres virant presque au jaune dans certaines situations, de par son écorce très épaisse aux craquelures assez marquées, reconnaissable entre toutes les autres, de par ses bourgeons et ses rameaux particulièrement trapus et clairs, elle n'a apparemment vraiment aucun lien de famile avec les autres variétés ardéchoises. Faut-il en conclure, comme le dit une chanson, qu'elle vient d'ail- leurs ?

Sur un autre plan, plus historique cette fois, qu'est devenue la, tuscane dont parle Olivier de SERRES dans son Théâtre d'Agriculture en cette fin du 16e siècle ? S'agit-il d'une déformation de langage aguyane, tuscane ? Malgré tant et tant de questions aux producteurs" pas de réponse véritable. La tradition orale n'a rien conserve. Ne serait-ce pas la même variété?

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